samedi 21 mars 2020

Collectes de musiques des francophones du Nord-Est des Etats-Unis (années 1930-1940). Quelques nouvelles sur mes projets de recherche actuels et des liens vers des ressources en ligne.



Boudiou ! À deux jours près, ce blog est à l'abandon depuis 5 ans !
À ma décharge, les dernières années de thèse ont été chargées, sans compter le développement de ma carrière de banjoiste de bar ;-)
Il aura fallu une mise en quarantaine pour enfin songer à reprendre les activités de blogage et finalement passer à l’acte !
Mes précédents billets ne sont pour l'instant plus consultables, car j'ai des soucis de mises en page et aussi parce qu'ils ne sont plus du tout à fait à jour...


Ces derniers mois, je m'oriente vers une spécialisation dans l’histoire des collectes de musiques francophones dans le Nord-Est des États-Unis, autour des collections d’Alan Lomax de 1938 dans le Michigan et l’Indiana et celles d'Hélène Stratman Thomas dans le Wisconsin dans les années 1940. Les enregistrements de terrain réalisés par cette dernière et son équipe dans les années 1940 sous l'égide de l'Université du Wisconsin sont disponibles à cette adresse : https://www.library.wisc.edu/music/home/collections/wisconsin-music-archives/wisconsin-folk-music-project/. On y trouve notamment des chants d'immigrés d'origine walonne et québécoise. On peut aussi écouter les enregistrements réalisés par Lomax dans le Michigan à cette adresse : https://www.loc.gov/collections/alan-lomax-in-michigan/about-this-collection/. Ceux de l'Indiana n'ont pour l'instant pas été numérisés.
Si les collectes de musiques "ethniques" dans l'Upper Midwest vous intéresse, je recommande chaudement les travaux de James P. Leary notamment Folksongs of Another America (2015). Vous pouvez aussi l'écouter ici dans une conférence à la Bibliothèque du Congrès : 



Les collectes de chants francophones par Alan Lomax à Vincennes, Indiana - ancien fort de la Nouvelle France des coureurs de bois - et à Baraga, Michigan où ont immigrés de nombreux fermiers québécois dans les années 1870 sont bien moins connues et étudiées que ses travaux sur d'autres espaces francophones tels que la Louisiane ou les Caraïbes. À ce propos, je vous recommande de jeter un œil et une oreille sur le site internet de Joshua Clegg Caffery, l'expert de la campagne louisianaise de John et Alan Lomax en 1934 : https://www.lomax1934.com/ ainsi que sur cette présentation par le spécialiste de la campagne d'Haïti de 1936-37 Gage Averill : 
 
Mon projet consiste donc à explorer ces terrains oubliés, dans un premier temps en travaillant sur les matériaux en eux-même ( transcription et traduction des paroles, analyses textuelles et musicales, comparaison avec de possibles variantes de France métropolitaine ou autres régions francophones...). Ensuite, il faudra les replacer dans leur contexte historique et intellectuel : les politiques culturelles du New Deal et les projets de documentation des cultures du peuple, et la redéfinition de l'objet folk music par les spécialistes qui prennent leur distance avec les représentations archaïsantes et anglo-centrées pour l'aborder plutôt comme une forme culturelle moderne et dynamique et donc inclure à leur collection des musiques urbaines et d'immigrés récents. 
Alan Lomax, s'il est sans nul doute le plus célèbre des collecteurs américains, n'est ni le premier ni le seul à enregistrer les musiques du peuple et je souhaite aussi aborder ses travaux à la lumière de ceux de ses collègues qui se sont également intéressés aux poches francophones des États-Unis nordistes des bucherons et des coureurs de bois. Parmi eux, ou plutôt elles (la collecte est en fait bien souvent une affaire de femmes), je vais m'intéresser plus particulièrement à Hélène Stratman Thomas et à l'énigmatique anthropologue française Ariane de Félice qui a collecté des contes en français en Louisiane, au Michigan et en Nouvelle-Angleterre pour le compte du Musée des Arts et Traditions Populaires en 1946. Elle mérite un billet à part entière, donc je ne m'étend pas dessus pour l'instant. 
Finalement, l'un de mes objectifs à long terme sera de contribuer à l'étude des échanges scientifiques franco-américains en matière de folklore et d'ethnomusicologie. 
Je m'arrête ici pour l'instant, et vous laisse en compagnie du fantastique chanteur, violoniste et cloger d'origine québécoise Edward King de Baraga, Michigan (film original par Alan Lomax, édité et publié dans le dvd accompagnant l'ouvrage Folksongs of Another America de James P. Leary)



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