C'était une de mes bonnes résolutions du nouvel an (oui, je sais, ça fait déjà deux mois...) de reprendre ce blog honteusement laissé à l'abandon depuis plus d'un an. Ce n'est pas évident de relire ses vieux postes, on retrouve des coquilles, des fautes d’orthographe déshonorantes (certainement pas les dernières), des hypothèses un peu périmées... Mais bon, The Research Must Go On! Je reprend donc là où je me suis arrêtée, sans regarder en arrière, en comptant sur votre indulgence pour les coquilles etc. sus-mentionnées.
2015 est une année importante pour les aficionados de field recordings américains : Alan Lomax - l'un des plus grands héros de l'histoire des musiques populaires américaines (voire mondiales) - folkloriste, ethnomusicologue, grand scout du blues (c'est lui et son père John qui ont entre autre "découvert" Son House, Leadbelly, Muddy Waters...), mais aussi militant politique, auteur, cinéaste et producteur d'émissions de radio, aurait fêté ses 100 ans cette année. Les hommages au "Man Who Recorded the World" (expos, colloques scientifiques, publications, programmes radiophoniques etc.) abondent des deux côtés de l'Atlantique. (Plus d'infos à propos du centenaire Lomax sur l'excellent site culturalequity et sur la page du folklife center bien sûr + hommage à Lomax par les inrocks et fip et compte rendu de Véronique Ginouvès)
2015 - et promis il n'y aura pas de représailles pour ceux qui l'ignoraient - c'est aussi les 20 ans de la mort de Sidney Robertson Cowell - ma collectrice chouchoute - bien moins connue (et donc reconnue) qu'Alan Lomax, mais tout aussi centrale dans l'histoire des collectes de folk music. Alan et Sidney (de 10 ans son ainée) ont tous deux commencé à traquer et capturer sur disque la voix et la musique des Américains du commun dans les années 1930 pour le compte de l'Archive of American Folk Song de la bibliothèque du Congrès. En 1937, Alan devient le tout premier employé rémunéré de l'Archive (son père en est alors le directeur honoraire). Au même moment, Sidney (qui n'y occupera jamais de poste officiel) œuvre dans l'ombre - entre deux campagnes d'enregistrement - au catalogage et à l'indexation des milliers de disques glanés par les Lomax (père et fils, mais aussi épouses), ainsi que par elle-même et les dizaines d'autres collecteurs et collectrices envoyés sur le terrain grâce à des fonds gouvernementaux alloués à la documentation des cultures populaires américaines dans le cadre du New Deal. (je reprends mon souffle).
Les relations souvent tumultueuses entre papa Lomax et son fiston ont déjà été largement glosées. Les divergences politiques des deux hommes sont bien connues (pour caricaturer : John est un grand nostalgique de l'Amérique antebellum favorable au maintien de la ségrégation, Alan est un jeune militant pour les droits civiques proche du PC). Les désaccords qui en ont découlé quant à la nature des relations qu'ils devraient entretenir avec les musiciens qu'ils ont enregistré et promu ont également beaucoup fait parler (ici un excellent article de l'historien Benjamin Filene sur les relations entre John et Alan Lomax et Huddie Ledbetter, alias Leadbelly : Our Singing Country). John est considéré - et pas du tout à tord - comme le mentor d'Alan, celui qui l'a initié à la collecte et lui a appris les ficelles du métier. Mais le jeune Alan, qui rappelons-le n'a que 17 ans lors de sa première campagne et pas plus de 22 lorsqu'il se retrouve adjoint en charge de l'Archive of American Folk Song, a également profité de l'expérience de bon nombre de ses collègues collecteurs et collectrices. Durant ces années formatrices, il a tout particulièrement sollicité les conseils de Sidney Robertson dont il partageait l'approche progressiste et qu'il considérait comme "une collectrice expérimentée et capable (...) une personne que nous n'aimerions pas perdre à la bibliothèque du Congrès". (ma traduction imparfaite d'extraits d'une lettre d'Alan Lomax datée du 22 février 1941 à destination d'Archibald MacLeish, directeur de la LoC.). En attendant un poste plus élaboré sur le rôle qu'a joué Sidney Robertson dans la formation du jeune Alan, je vous encourage à jeter un œil sur ces deux webcasts : The Yank with the Box et Folksongs of Another America par les chercheurs Deirdre Ni Chonghaile et James P. Leary (deux autres membres du fan club Sidney Robertson ;-) ) qui abordent tous deux cette question. A bientôt donc !
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